Comment prévenir l’essaimage
📢 Brèves | Traduction de l'article de George W. Demaree (1832–1915) publié dans American Bee Journal en 1892.
Traduction de l'article de George W. Demaree (1832–1915) publié dans American Bee Journal en 1892, en complément de l’article publié le 24 avril dernier :
En abordant ce sujet, nous sommes tentés de débattre plutôt que d'exposer simplement les manipulations nécessaires pour atteindre notre objectif. De nombreux apiculteurs ont été amenés à croire qu'une certaine forme de contraction1 du couvain était essentielle à la production de miel — qu'il soit en rayons ou extrait. Cette conviction est si forte que toute nouvelle découverte remettant en question cette théorie de la contraction se heurte à l'indifférence, voire à une franche opposition.
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Permettez-moi de dire, une fois pour toutes, que lorsqu’une nouvelle découverte est appliquée à un ancien système, il devient souvent nécessaire de réviser l’ancien système pour l’adapter à la découverte nouvellement appliquée. Ces remarques ne s’appliquent pas exclusivement à l’ancien système d’apiculture, mais à tous les systèmes liés à toutes les industries. Ceux qui s’obstinent à s’en tenir aux anciennes pratiques ne peuvent pas tirer profit des nouvelles découvertes ; et cet article ne s’adresse pas à cette classe de lecteurs.
Quand votre colonie est aussi forte que vous le souhaitez, que ne donneriez-vous pas pour pouvoir, par une simple manipulation pratique réalisée au début de la saison d’essaimage, conserver toutes vos colonies dans leur pleine vigueur de travail et de reproduction tout au long de la saison de miel ? Vous pouvez aller au-delà de tout doute, si vous adoptez ma nouvelle méthode de prévention de l’essaimage ; et si vous avez l’ingéniosité de gérer convenablement ce système nouveau, votre récolte de miel excédentaire sera plus grande que celle obtenue par tout autre système connu du public à ce jour.
J’ai mis en œuvre ce nouveau système pendant les deux dernières saisons, et mes récoltes excédentaires n’ont jamais été aussi importantes, bien que ces deux saisons n’aient pas été au-dessus de la moyenne pour la production de miel.
Comme je l’ai déjà dit, mon plan de prévention — et non simplement de limitation — de l’essaimage repose sur une seule manipulation, effectuée au tout début de la saison d’essaimage. Une seule ruche et ses abeilles sont utilisées pour chaque colonie. Tout système nécessitant une division de la colonie, ou l’utilisation de deux ou plusieurs ruches, n’est pas digne d’être envisagé.
Prévenir l’essaimage avec la méthode Demaree
L'essaimage constitue un défi majeur pour les apiculteurs, notamment au printemps, lorsque les colonies atteignent leur apogée. Parmi les diverses stratégies développées pour contenir ce phénomène, la méthode « Demaree », introduite par George Demaree en 1892 aux États-Unis, se distingue par son efficacité et sa simplicité notamment pour les apiculteurs qui possèdent un petit nombre de ruches. Elle permet de prévenir l'essaimage tout en maintenant la force de la colonie, sans recourir à une division ni à du matériel complexe.
Dans ma pratique, je commence par les colonies les plus fortes, et je transfère les cadres contenant du couvain depuis le corps de ruche vers un étage supérieur, au-dessus d’une grille à reine. Un cadre contenant du couvain non operculé et des œufs est laissé dans le corps de ruche comme point de départ pour la reine. Je remplis le corps inférieur avec des cadres bâtis vides, afin de fournir à la reine une zone complète pour pondre. Mais les rayons de couvain en quantité sont transportés au-dessus de la grille à reine.
En 21 jours, tous les couvains auront émergé au-dessus de la grille, et les abeilles commenceront à élever du couvain dans le corps de ruche sous la grille ; ainsi, une succession continue de jeunes abeilles est bien assurée.
Si mon objectif est de récolter le miel à l’extracteur, j’ajoute des hausses contenant des cadres vides aussi vite que les abeilles ont besoin d’espace pour le stockage. Généralement, les cadres au-dessus de la grille seront pleins de miel au moment où les abeilles seront toutes nées, et aucun système n’est aussi sûr pour produire une série de cadres pleins de miel à extraire, même lors de saisons médiocres ; et si la saison est favorable, la récolte sera énorme sous une bonne gestion.
Le grand avantage de ce système est que toutes les colonies produisent autant que possible — une situation qui ne se produit presque jamais avec l’impulsion naturelle d’essaimage. Si mon objectif est le miel en rayons, je place les hausses à rayons sur le super contenant le couvain, et j’encourage les abeilles à bâtir les rayons dans ces cadres. J’introduis les rayons assez tôt, tant que le couvain est encore dans la hausse (au-dessus de la grille à reine), car cela incite les abeilles à remplir les rayons avec une belle régularité, étant bien occupées, actives, et non distraites par l’instinct d’essaimage.
Je pense qu’il est inutile d’en dire davantage pour démontrer la supériorité de ce système dans la prévention de l’essaimage, l’augmentation du rendement en miel, et le maintien de colonies fortes tout au long de la saison.
American Bee Journal de 1892, page 545, 546.
Dans le contexte de l’époque, la contraction fait référence à la réduction délibérée de l'espace dédié au couvain (zone de ponte de la reine) dans une ruche, une technique traditionnellement considérée comme favorable à la production de miel.